Gennaio 30, 2024

PROFIL DE MARIANGELA RAPETTILes Antoniens de la Vallée de Suse.

PROFIL DE MARIANGELA RAPETTILes Antoniens de la Vallée de Suse.

PROFIL DE MARIANGELA RAPETTILes Antoniens de la Vallée de Suse et les propriétés du Piccolo Moncenisio (XIIIe-XVe siècle)* Mariangela Rapetti Université de Cagliari rapetti@unica.it 1. Les hospitaliers antoniens Selon une légende, au XIe siècle, l’église Saint-Antoine les restes furent apportés au Dauphiné par le chevalier Jocelin1. Les reliques furent déposées dans une petite église de La Motte-Saint-Didier (plus tard La Motte-Saint-Antoine, aujourd’hui Saint-Antoine-l’Abbaye) appartenant aux Bénédictins de Montmajour (Arles), qui devint bientôt un lieu de pèlerinage. . A la fin du siècle, les nobles Gaston et Guérin de la Valloire, père et fils, fondèrent ex voto une communauté de laïcs pour assister les pèlerins, et construisirent un hospice à proximité de l’église2. Guérin * Cet essai a été conclu en 2020, lors de l’urgence Covid‐19. La fermeture des archives, des bibliothèques et des librairies a entraîné quelques difficultés pratiques, largement surmontées grâce au partage numérique de certains textes par des collègues dispersés ici et là à travers l’Italie et au travail des coursiers. Un grand merci à eux tous. 1 NOORDeLOOS, La traduction de Saint Antoine ; FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 1‐31. 2 Pour l’histoire la plus ancienne de l’ordre, voir. FALCO, Antonianae Historiae; pour des études récentes, voir notes à suivre. 287 fut guéri de l’ignis sacer, une maladie très répandue à l’époque, et ce fait, attribué à un miracle de saint Antoine, attira de nombreuses personnes souffrant de maladies brûlantes 3. La fraternité et le culte du saint faiseur de miracles se sont développés de concert. Grâce à la vénération et à la crainte de saint Antoine, qui « libère du feu » ou qui « punit par le feu », la communauté s’étend très vite4. Connus pour leur œuvre caritative, les Antoniens étaient appelés par les évêques et les souverains pour gérer ou fonder des hôpitaux. La croissance très rapide met cependant les frères en conflit avec les Bénédictins de Montmajour et, à mesure que l’afflux de pèlerins augmente, les désaccords sur la distribution de l’aumône s’accentuent. La confrérie obtient l’approbation papale et de nombreux privilèges : Grégoire IX, en 1234, décrète l’administration des sacrements ; en 1247, Innocent IV confie aux Antoniens la règle de saint Augustin, typique des congrégations hospitalières ; en 1297, Boniface VIII la reconnut comme congrégation de chanoines réguliers de Saint‐Antoine‐en‐Viennois. La maison mère fut érigée en abbaye, ses bienfaiteurs et pèlerins recevraient un an et quarante jours d’indulgences5. Concernant les Bénédictins de Montmajour, déjà bénéficiaires de l’église Saint‐Antoine, Boniface VIII établit une pension annuelle de 1 300 livres de deniers de Tours en compensation des Antoniens6. Les statuts promulgués en 1312 répartissaient les tâches entre les différents membres de l’ordre, à savoir les prêtres, les laïcs et les frères convers. Les premiers auraient eu les offices 3 Au Moyen Âge, le terme utilisé pour désigner les maladies brûlantes était ignis sacer mais, à partir du XIIIe siècle, l’expression ignis sancti Anthonii était également utilisée dans les livres de chirurgie (à ne pas confondre avec l’actuelle « zona », ou herpès zoster). Parmi les variantes de la pathologie, identifiables grâce à l’actualité, il y avait l’ergotisme, dû à une intoxication à l’ergot. Depuis 1771, avec ReAD, Traité du Seigle ergoté, pp. 55‐62, l’équivalence entre ignis sacer, ignis sancti Anthonii et ergotisme est affirmée, ainsi que la croyance – encore répandue – que les pèlerins de Saint‐Antoine‐l’Abbaye seraient touchés par ce dernier. On pensait que les Antoniens étaient des guérisseurs experts de l’ergotisme grâce à l’utilisation de pommades et de boissons considérées comme miraculeuses, voir. FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 174‐201. Alessandra Foscati a récemment réfuté l’interprétation de Read, démontrant la pluralité d’affections brûlantes dont souffraient les pèlerins qui se rendaient au sanctuaire du Dauphiné, ainsi que la faible incidence de cas d’ergotisme dans d’autres lieux où les Antoniens dirigeaient des hôpitaux, voir FOSCATI, Ignis sacer, p. 33‐113 ; eAD., Feu de Saint Antoine. Dans Ignis sacer, p. 49, le savant explique que, également en raison des nuances lexicales, «dans l’amalgame du récit, il devient impossible de reconnaître et d’extrapoler uniquement la réalité factuelle et de tracer ensuite un profil exact de la maladie» dont souffraient les pèlerins de Saint Antoine. . Aussi GRISeRI, A Ranverso, p. 14, souligne l’ambiguïté de l’expression ancienne « feu de Saint-Antoine », qu’elle définit comme « une sorte de manteau pour les désespérés, qui servait à indiquer de nombreuses maladies ». 4 FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 107‐126 ; eAD., De l’ermitage à l’écurie, pp. 43‐99. 5 FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 63-70 ; MAILLET‐GUy, Les origines de Saint-Antoine, pp. 391‐395 ; MISCHLewSkI, Un ordre hospitalier, pp. 21-40 ; VILLAMeNA, Religio sancti Antonii (2007), pp.

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Dale, p. 130-132. 76 MISCHLewSkI, Un ordre hospitalier, p. 43 ; VILLAMeNA, Religio sancti Antonii (2007), pp. 122-123. 77 «Au nom de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie avec laquelle grâce nous éclairerons, à tous ceux qui souhaitent se rendre au bienheureux messer sancto Antonio et au glorieux apôtre messer sancto Iachopo, de tout ce voyage effectué au cours de l’année 1477, en quittant Florence, on trouve d’un endroit à l’autre des villes, des villas et des châteaux”, DAMONTe, De Florence à Santiago, p. 1050. 78 CAUCCI VON SAUCkeN, rapports de pèlerinage italiens, qui ne prennent cependant pas en considération l’itinéraire publié par Delfiol ; pour un aperçu plus général, voir Guide du pèlerin à Saint-Jacques. 79 S. Antonio di Ranverso, voir. DeLFIOL, Un autre « itinéraire », p. 603. 80 Idem. Aujourd’hui, la commune de Sant’Antonino di Susa. 81 Idem. Delfiol identifie La Ferriera avec Ferrera Cenisio, aujourd’hui la commune de Moncenisio. 299 Rapetti, Les Antoniens du Val de Suse do pellegrino»82, tandis qu’à Villa Sancto Antonio, à 13 km d’Avigliana, on trouve de nombreuses maisons et tavernes, comme à Suse et à Laferriera. 4. Les Antoniens du Petit Mont Cenis 4.1 L’hospice : un débat dépassé Le col du Mont Cenis représentait la « porte », la jonction entre la maison mère et la première commanderie générale, mais le Mont Cenis était avant tout la frontière entre le royaume d’Italie et du royaume de Bourgogne : une place d’importance reconnue, en un mot une place de garnison83. Seul col praticable toute l’année, le Mont Cenis était au Moyen Âge préféré à Montgenèvre voisin en raison de sa position centrale. D’après les recherches de Jean Bellet, jusqu’au XIIIe siècle l’itinéraire s’effectuait à travers le Petit Mont Cenis et la rive sud du lac du Mont Cenis. Par la suite, pour une raison inconnue, la route s’est déplacée vers le Grand Moncenis, en passant par la rive nord du lac84. La rive sud du lac abritait un hospice fondé par Louis le Pieux vers 82085. Avec le changement de tracé, l’hospice fut également transféré au XIIIe siècle86. Les itinéraires cités témoignent de la présence, sur la route du Mont Cenis, d’«elcharnaio, un petit hôpital de plaine montagneuse où sont placés ceux qui meurent dans la neige à cause des intempéries»87. Le « carnage », ou chappelle des transis, était un lieu destiné à recueillir les cadavres gelés de ceux qui, voyageant sur la route, périssaient à cause des avalanches, des glissements de terrain, du froid et des intempéries88. L’hospice, cependant, 82 DAMONTe, De Florence à Santiago, p. 1053. 83 Sur les routes et les limites de la Via Francigena voir. SeRGI, Pouvoir et territoire. 84 BELLeT, Le col du Mont-Cenis, pp. 10-16. 85 Les premières nouvelles proviennent d’un document de Lothaire Ier daté du 14 février 825, voir SeRGI, L’aristocratie, p. 122 et n. 4. 86 BELLeT, Le col du Mont-Cenis, p. 64. 87 DAMONTe, De Florence à Santiago, p. 1054 : le charnaio était situé entre l’actuelle commune de Mont Cenis et Lanslebourg, avant le lac ; v. aussi DeLFIOL, Un autre « itinéraire », p. 603: «dans la région de Monsanese on trouve le charnier des morts trouvé dans la neige». 88 CASTeLNUOVO, Difficultés et dangers du voyage, pp. 455‐456 et non. 33. Une fois passés les mois les plus froids, les cadavres étaient enlevés et, lorsque cela était possible, rendus à leurs familles. Des chapelles similaires ont été trouvées dans d’autres cols alpins, comme celui de San Bernardo (voir ibidem, p. 456). Sur les risques pour ceux qui ont parcouru les routes des Alpes voir. aussi ID., Les Alpes et leurs dangers. En 1579, le médecin Ambroise Paré témoigne avoir soigné de nombreux soldats qui, passant le Mont Cenis en hiver, avaient perdu leurs oreilles, ou avant-bras, ou orteils à cause du froid, voir FOSCATI, Ignis sacer, Annexe, p. 203. L’itinéraire de 1477 parle d’une tavernuzza située dans la plaine de Moncenisio immédiatement après l’Elcharnaio, voir. DAMONTe, De Florence à Santiago, p. 1054. 300 Hôpitaux et montagnes. Paysages, fonctions, pouvoirs dans les siècles médiévaux (Italie, France, Espagne), il servait de refuge aux pauvres et aux pèlerins, et jusqu’aux XIIIe-XIVe siècles, la documentation ne fait aucune référence aux malades. Il est probable que cette catégorie d’invités ne faisait pas partie des objectifs de la structure89. Les historiens ont parfois été en désaccord sur les origines et les premiers siècles d’histoire de l’hospice, nommé d’après Sainte Marie. L’absence de documents pour les Xe et XIe siècles, et la découverte d’interpolations pour ceux du siècle suivant, ont rendu plus compliquée la reconstitution de l’évolution de l’institution. La présence des Antoniens dans le Val de Suse et leurs propriétés au Mont Cenis ont parfois laissé penser que l’hospice était géré par eux, mais il est établi – depuis des décennies maintenant – que tel n’était pas le cas. Déjà en 1956, Italo Ruffino illustrait, mais ne partageait pas, les théories attribuant l’existence et le fonctionnement de l’hospice du Mont Cenis aux Antoniens, à savoir celles d’Annibale Saluzzo (1845)90 et de Marc‐Antoine De Lavis‐Trafford (1950). 91 . Sur Saluces, en particulier, il a souligné l’absence de sources pour étayer ce qui était censé être un

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Marc‐Antoine De Lavis‐Trafford (1950)91 . Sur Saluzzo, en particulier, il a souligné l’absence de sources pour étayer ce qui devait être sa supposition, et sur Lavis-Trafford, il s’est limité à dire qu’il reprenait la première. Les éléments trouvés par Ruffino conduisent tous à exclure l’appartenance de l’hospice à l’Antoniani 92. Toujours en 1963, Raymond Oursel reprend Lavis‐Trafford et affirme que l’hospice du Mont Cenis dépend de l’Ordre de Saint-Antoine, avec l’intermédiation de l’hôpital de Suse93 . L’extranéité des Antoniens a cependant été confirmée en 1960 par Giovanni Donna D’Oldenico94 et surtout par les études ultérieures de Giuseppe Sergi95, qui, également sur la base des études diplomatiques de Carlo Cipolla96, a daté la soumission de l’hospice à Prieuré bénédictin de Novalaise, «fermement inséré dans la sphère d’influence des comtes de Savoie»97, au début du XIIIe siècle98. 89 SeRGI, L’aristocratie, pp. 123‐124. Une source secondaire très tardive, la Description historique de l’Italie en forme de dictionnaire, de 1790, explique que l’hôpital servit de refuge pendant trois nuits « aux pauvres passans », voir. FOSCATI, Ignis sacer, p. 203‐204 et n. 657. 90 SALUzzO, Le Alpi, I.I, p. 532, n. 16. 91 LAVIS‐TRAFFORD, L’Évolution de la Cartographie du Mont-Cenis, pp. 30-31. 92 RUFFINO, Études sur les précepteurs, pp. 58‐60. 93 OURSeL, Les pèlerins du Moyen Âge, p. 82. 94 DONNA D’OLDeNICO, L’hospice du Mont Cenis. Du même avis BeLLeT, Le col du MontCenis, p. 57. 95 SeRGI, « Domus Monti Cenisii », étude mise à jour dans ID., L’aristocratie, pp. 121‐164. 96 Monumenta Novaliciensia, I, p. 71‐73 ; CIPOLLA, Recherche, pp. 177‐178 ; v. SeRGI, L’aristocratie, pp. 124-129. 97 SeRGI, L’aristocratie, p. 136. 98 Ibid., p. 124-129. 301 Rapetti, Les Antoniens du Val di Susa 4.2 Les documents antoniens relatifs au Petit Moncenis En raison de la suppression de 1777, le fonds d’archives de la commanderie antonienne de Ranverso passa, avec toutes les autres propriétés, à l’Ordre mauricien99. La Religion Sacrée des Saints Maurice et Lazare, fondée en 1572-100, a été choisie comme bénéficiaire des propriétés antoniennes pour le partage d’objectifs et d’expériences : gestion hospitalière et administration d’immenses biens. Cependant, en 1798, le Conseil du Piémont nationalisa les biens de l’Ordre mauricien. Deux ans plus tard, les archives mauriciennes passèrent à la Chambre des Comptes, puis aux archives de la Cour et à Paris. Ce n’est qu’après le retour du roi de Sardaigne à Turin, en 1814, que les documents manquants furent récupérés et les archives mauriciennes reconstituées, transférées à leur emplacement actuel en 1886101. Ainsi, aujourd’hui encore, les documents versés lors de la suppression de l’Ordre Antonien se retrouvent dans les archives historiques de l’Ordre Mauricien, conservées par la fondation du même nom102. Dès leur entrée dans les archives mauriciennes, les papiers antoniens étaient organisés en trente-deux « thèmes », identifiés principalement sur une base territoriale, et conservés dans des jeux numérotés 103. Au sein de chaque sujet, les documents ont été classés par ordre chronologique ou, s’ils concernaient plusieurs territoires, divisés sur une base territoriale, puis classés par ordre chronologique. Le système est influencé par la méthode « par matière », très répandue au XVIIIe siècle104. La subdivision en localités avec ordre chronologique des documents qui la composent a conduit à rompre le lien entre les documents et, en parcourant l’inventaire, on peut avoir l’imp‐pp. 114‐141. 6 FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 65-66 ; VILLAMeNA, Religio sancti Antonii (2007), p. 125. 288 Hôpitaux et montagnes. Paysages, fonctions, pouvoirs aux siècles médiévaux (Italie, France, Espagne) spirituels, laïcs soignant les malades, laïcs effectuant des travaux subalternes. L’abbé, au sommet de l’ordre, aurait été nommé directement par le pape7. Les privilèges pontificaux permettaient aux Antoniens de recueillir exclusivement l’aumône sous le signe de saint Antoine, le clergé séculier était exhorté à admettre les mendiants antoniens dans les diocèses et les imposteurs étaient punis8. Différentes méthodes de mendicité étaient activées, comme la perception directe ou le loyer ou encore la procuration, mais les canons n’étaient pas exempts de conflits, de fraudes et d’accusations de fraude9. La construction d’une nouvelle abbaye monumentale, projet réalisé à plusieurs reprises depuis le XIVe siècle, et l’entretien des hôpitaux adjacents, devenus au fil du temps six 10, se sont avérés des dépenses insoutenables. Même si les préceptorats généraux payaient plus ou moins régulièrement ce que leur demandait la maison mère, les dettes continuaient de s’accumuler 11 . Au fil du temps, malgré les faveurs papales, la société mère a continué à se trouver dans une situation d’urgence financière. Fortement affaibli par le grand schisme, l’ordre commença à connaître un lent déclin et, au cours du XVIe siècle, subit d’énormes dégâts et pertes dus aux guerres de religion12. Les maisons plus loin ont commencé à s’effondrer

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Les maisons les plus éloignées commencèrent à se séparer et à devenir indépendantes et, même si les papes continuèrent à renouveler leurs privilèges, la chute fut imparable. Au milieu du XVIIIe siècle, le nombre total de chanoines en Europe dépassait à peine deux cents. Le Chapitre général de 1774 a évalué l’union avec un autre ordre ayant des objectifs similaires. En 1777, par ordre de Pie VI, les Antoniens et leurs propriétés françaises fusionnèrent dans l’Ordre de Malte, les biens du territoire savoyard passèrent à l’Ordre mauricien, ceux des maisons napolitaines furent attribués à l’Ordre Constantinien, tandis que le patrimoine de la commanderie romaine passa à l’Accademia de’ Nobili ecclesiastici (aujourd’hui Académie pontificale ecclésiastique)13. 7 MISCHLewSkI, Un ordre hospitalier, p. 39. 8 FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon, pp. 126‐154. Le droit de mendier est toujours resté valable et a été renouvelé au cours des six siècles de vie de l’ordre, à l’exception de la suspension souhaitée par le Concile de Trente (Session XXI, chapitre 9) et annulée par Grégoire XIII en 1582. Sur la mendicité, voir . aussi FILIPPINI, Mendicité et charité, pp. 24‐42. 9 VILLAMeNA, Les Cerretani comme intermédiaires ; SeNSI, Cerretani et charlatans. 10 Maius hospitale, nouvel hôpital, hôpital pour femmes, léproserie, hospice des pèlerins et frecherium. Ce dernier était destiné uniquement aux malades de l’ignis sancti Anthonii nouvellement arrivés, voir. RAPeTTI, L’expansion, p. 102 n. 24 et p. 108-113. Le nom frecherium semble être une latinisation de freche, qui dans le moyen français signifie « frais », « récent » (correspondant au français moderne frais). 11 MISCHLewSkI, Un ordre hospitalier, pp. 61‐76. 12 « L’église présente à une écurie, le monastère à un désert, les hôpitaux à des chaumières ravagées », DASSy, L’Abbaye de Saint Antoine, p. 268. 13 MISCHLewSkI, Un ordre hospitalier, pp. 123‐131 ; RAPeTTI, L’expansion, p. 27. 289 Rapetti, Les Antoniens du Val di Susa Les journaux antoniens ont suivi le sort des propriétés, fragmentant encore davantage un corpus documentaire déjà en souffrance. L’abandon médiéval («documenta sparsa et inordinata», écrivait Aymar Falco en 153414) fut suivi de pillages et de dévastations pendant les guerres de religion. De l’état actuel des fonds, il semble que le XVIIe siècle ait été, pour les Antoniens, le siècle des copies, des souvenirs et des inventaires. Il existe une tentative presque obstinée de sauvegarder les biens en péril, peut-être un projet de récupération et de « reconstruction » des archives perdues, qui a également conduit à la collecte des documents de préceptorat par la société mère15. En tout cas, rappelant un récent essai d’Andreas Rehberg, «il ne fait aucun doute que les sociétés mères gardaient jalousement leurs privilèges et les documents qui pouvaient le mieux prouver leurs droits envers les filiales»16. Il est notoire que les lacunes documentaires ont tendance à décourager la recherche. Par ailleurs, la dispersion de la documentation et les fautes de frappe des transcripteurs ont parfois provoqué des erreurs dans l’interprétation des sources elles-mêmes. Les légendes et les chroniques ont fait le reste. Même s’il appartient à « une catégorie d’ordres religieux peu étudiée »17, il existe de nombreuses et importantes études sur les origines de l’Ordre antonien, ou sur des thèmes particuliers comme les contributions sur l’assistance ou sur les aspects artistiques et architecturaux18. Concernant plus généralement les activités antoniennes, les études sur certaines commanderies ou zones d’expansion se sont multipliées ces dernières années 19 . Sur l’histoire et l’évolution de l’ordre, cependant, les essais de Luc Maillet‐Guy, publiés dans les premières décennies du siècle dernier20, et surtout les travaux d’Adalbert Mischlewski, publiés entre 1958 et 14 FALCO, restent encore un point essentiel d’étude. référence Antonianae Historiae, f. 91r. 15 ASTo, article. Tribunal, Affaires ecclésiastiques, Abbayes, S. Antonio di Ranverso (1774‐1777), f. 358: «en raison du transport notoire au siècle dernier des écrits existant dans les Archives de la Maison de S. Antonio di Ranverso vers celles de Vienne, il n’a pas été possible de retrouver les principaux papiers fondateurs de la maison». À la suite du reste des propriétés, les archives antoniennes ont fusionné avec les archives des congrégations auxquelles elles étaient unies. La maison mère était unie à la vénérable langue auvergnate de l’ordre de Malte ; ses archives se trouvent donc aujourd’hui à Lyon, l’ancienne capitale de cette langue. 16 ReHBeRG, Une catégorie d’ordres religieux, pp. 25‐29. 17 Tiré de ReHBeRG, Une catégorie d’ordres religieux. 18 Parmi tant d’autres, voir FeNeLLI, Le tau, le feu, le cochon ; eAD., Sant’Antonio Abate; GRAHAM, Un livre d’images; La couleur du gothique ; HAyUM, Le Retable d’Issenheim. 19 Pour l’Italie, par exemple, VILLAMeNA, Religio sancti Antonii (2008) ; FILIPPINI, Mendicité et charité ; RAPeTTI, L’expansion. 20 Né en 1864, il est bibliothécaire à l’Université catholique de Lyon. La plupart de ses essais ont été publiés dans le « Bulletin de la Société d’Archéologie et de Statistique de la Drôme » et dans la « Revue Mabill

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iste complète en < http:///opac.regesta imperii.de/lang_en/suche.php? qs. liste complète en < http://opac.regesta imperii.de/lang_en/suche.php? qs=maillet guy >. 290 Hôpitaux et montagnes. Paysages, fonctions, pouvoirs au cours des siècles médiévaux (Italie, France, Espagne) et 201321 . Dans le panorama italien, par contre, se détachent les recherches d’Italo Ruffino, dont une partie est dédiée à la Val di Susa22. Les pages qui suivent partent des études du Ruffino, fournissant quelques addenda et petits corrigendus à ses études sur le Mont-Cenis, et arrivent à une réflexion sur les Antoniens dans le Val di Susa à la lumière des plus récentes études d’histoire hospitalière et d’histoire antonienne. 2. Antoniani dans le Val di Susa : installation et rôles Les premières attestations documentaires de la présence antonienne dans le Piémont remontent à 1186, lorsque le précepteur et recteur de S. Antonio di Susa, Giovanni, élève tout droit sur une maison «in qua fratres domus Sancti Antonii habit[ab]ant», un petit morceau de terre adjacent à leur cave et une autre casa23. Quelques années plus tard, en 1188, on mentionnait les malades (infirmi, aegrotantes)24 , la domus infirmorum de Susa25 et l’hôpital de S. Antonio de Rivo Enverso26 . Cet ul timo apparaît dans la donation d’Humbert III de Savoie (1136 1189) : le 27 juin de cette année, le comte accordait aux antoniens de Ranverso un moulin et une forêt d’aulnes ainsi que des exonérations économiques et juridictionnelles, ainsi que des droits sur le cune27. Le comte a promis d’autres concessions, mais les a liées à 21 Pour la bibliographie v. < http://opac.regesta imperii.de/lang_en/suche.php? qs=adalbert+mi schlewski >. Le chercheur a fondé, en 1991, le Centre d’études «Antoniter Forum», actif jusqu’en 2019. 22 Disparu à l’âge vénérable de cent deux ans en 2015, le Ruffino a mené et publié ses recherches entre les années 1950 et 1990. En 2006, il a réédité ses essais dans le vo lume Storia ospedale antoniana, qui contient également la descr

. liste complète dans < http://opac.régesta‐ imperii.de/lang_en/suche.php?qs=maillet-guy >. 290 hôpitaux et montagnes. Paysages, fonctions, pouvoirs aux siècles médiévaux (Italie, France, Espagne) et 201321 . Sur la scène italienne, en revanche, les recherches d’Italo Ruffino se démarquent, dont certaines sont dédiées au Val di Susa22 . Les pages suivantes partent des études de Ruffino, fournissant quelques addenda et petits rectificatifs à ses études sur Moncenisio, et aboutissent à une réflexion sur les Antoniens dans le Val de Suse à la lumière des études les plus récentes de l’histoire hospitalière et de l’histoire antonienne. 2. Antoniani dans le Val di Susa: peuplement et rôles La première preuve documentaire de la présence antonienne dans le Piémont remonte à 1186, lorsque le tuteur et recteur de St. Antonio di Susa, Giovanni, rice-vette ont chacun droit sur une maison “in qua fratres domus Sancti Antonii habit [ab] ant” , un petit lopin de terre adjacent à leur cave et une autre maison23 . Quelques années plus tard, en 1188, les malades (infirmes, aegrotantes)ont été mentionnés24, la domus infirmorum de Susa25 et l’hôpital de Saint Antoine de Rivo Enverso26. Cet ul-timo apparaît dans la donation d’Umberto III de Savoie (1136-1189): le 27 juin de cette année-là, le comte accorda aux Antoniens de Ranverso un moulin et une forêt d’aulnes ainsi que des exemptions économiques et juridictionnelles, ainsi que des droits sur al‐ cune terre27 . Le comte promit d’autres concessions mais les lia à edifica-21 Pour la bibliographie v. < http://opac.regesta-imperii.de/lang_en/suche.php?qs=adalbert+mi-schleski Le chercheur a fondé, en 1991, le Centre d’études “Antoniter Forum”, actif jusqu’en 2019. 22 Ans Décédé à l’âge vénérable de cent deux ans en 2015, Ruffino a mené et publié ses recherches entre les années cinquante et quatre-vingt-dix. En 2006, il a republié ses essais dans la vo-lume Storia ospedaliera antoniana, qui contient également la description du fonds archivico-bibliographique qu’il a collecté et étudié depuis 1948, toujours un point de départ valable pour l’étude de l’histoire antonienne. 23 RUFFINO, Les premières fondations, n. I. Selon Luigi Cibrario, à l’époque à Suse il y avait déjà l’hôpital de S. Maria, v. CIBRARIO, Histoire de la monarchie de Savoie, I, p. 230. 24 RUFFINO, Les premières fondations, nos. II-III.25 Ibid., non.III. 26 Sant’Antonio di Ranverso a été construit sur le territoire de Rivoli, à égale distance de Rivoli et d’Avigliana, aujourd’hui le territoire de la municipalité de Buttigliera Alta, dont Ranverso est une fraction. Le toponyme vient du Rio Inverso voisin, et le nom actuel apparaît du IV 27 Le document original était déjà perdu d’un inventaire de 1634 (ASTo, sect. Cour, Affaires ecclésiastiques, Habitués de qua dai monti, pont 15, Pères de saint Antoine de Turin, n. 7), cependant, il en existe onze exemplaires, réalisés entre le secolo Dont certains datent de la donation à 1181 et ont induit en erreur certains historiens, comme le Cibrario (voir ID., Nouveaux indices, p. 20), d’ailleurs tous sauf un rapportent l’indiction ind Italo Ruffino en a fait un examen diplomatique et philologique minutieux, concluant que la date correcte est le 27 juin 1188, indication VI, comme dans l’exemplaire ADR, 49 H 1215, qu’il publie avec les principales variantes des autres exemplaires à RUFFINO, Les Premières Fondations, n. IV. 291 Rapetti, Les Antoniens du Val de Susa tio

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